Régime idéal, Régime RNPC; ne pas reprendre le poids perdu; nutrition; diététique

Le programme européen DiOGenes

C’est devant l’ampleur de l’épidémie de surpoids et d’obésité qui sévit dans la plupart des pays européens que l’Union Européenne a lancé, en janvier 2005, le programme de recherche DiOGenes (pour “Diet, Obesity and Genes”, soit « alimentation, obésité et gènes » en français), pour une durée de cinq ans (1). Ce programme a été financé à hauteur de 14,5 millions d’euros et a impliqué un consortium de 30 partenaires issus de 15 pays européens, dont 23 instituts de recherche, tous des centres d’études de premier plan sur la santé et l’alimentation, quatre PME (petites et moyennes entreprises) et trois entreprises multinationales du secteur alimentaire.

DiOGenes était donc un programme intégré visant à constituer une immense base de données permettant d’identifier les principaux facteurs diététiques, psychologiques, de style de vie et génétiques, ainsi que des biomarqueurs, prédisant le risque de surcharge pondérale. L’objectif ultime du projet était d’utiliser les nouvelles connaissances générées par l’ensemble des études menées au sein du programme pour stimuler l’innovation dans les domaines agro-alimentation et diététiques afin de contribuer à minimiser les risques de surpoids et d’obésité chez les consommateurs européens.

Parmi ces études, celle présentée ici a été conduite par l’Université de Copenhague (Danemark) et dirigée par le Professeur Arne Astrup (2). Elle a nécessité la collaboration de huit centres de recherche en Allemagne, Bulgarie, Danemark, Espagne, Grèce, Pays-Bas, République Tchèque et Royaume-Uni.

Objectif et protocole de l’étude

L’objectif principal de cette vaste étude prospective interventionnelle était simplement de répondre à la question suivante : Comment répartir les macronutriments – protéines, glucides (sucres) et lipides (graisses) – de sorte à ne pas reprendre le poids perdu site à une phase d’amaigrissement efficace et rapide ?

Les chercheurs ont ainsi recruté 1209 adultes en surcharge pondérale (âge moyen de 41 ans ; indice de masse corporelle [le poids en kilogrammes divisé par le carré de la taille en mètres] de 34), parmi lesquels 938 sont entrés dans la première phase de l’intervention. Celle-ci consistait en une phase d’amaigrissement destinée à faire perdre aux participants au moins 8% de leur poids corporel initial en 8 semaines. Pour cela, ils devaient suivre un régime alimentaire hypocalorique (800 à 1000 kcal par jour) à base de substituts de repas auxquels ils devaient ajouter 400 grammes de légumes.

773 participants ont atteint l’objectif de perte de poids (avec une perte de poids moyenne de 11 kg) et ont pu passer à la phase 2 du protocole – la phase de stabilisation du poids – sur une période de 26 semaines. Les participants ont été assignés au hasard (principe de randomisation) à un régime dit ad libitum (consommation d’aliments jusqu’à satiété, sans contrôle strict des apports caloriques) parmi les cinq suivants :

  • Régime pauvre en protéines et à indice glycémique élevé (groupe LP-HGI) ;
  • Régime pauvre en protéines et à faible indice glycémique (groupe LP-LGI) ;
  • Régime enrichi en protéines et à indice glycémique élevé (groupe HP-HGI) ;
  • Régime enrichi en protéines et à faible indice glycémique (groupe HP-LGI) ;
  • Régime dit « contrôle » car calqué sur les recommandations nutritionnelles en vigueur (groupe Control).

548 participants sont venus à bout de cette seconde phase.

Figure 1 : Résumé graphique du protocole.

Principaux résultats et conclusions des auteurs

L’analyse des résultats a confirmé l’importance de la répartition des macronutriments dans le cadre d’un régime de stabilisation pondérale. En effet, seuls les participants du groupe 4, c’est-à-dire ceux suivant le régime alimentaire qui était modérément enrichi en protéines (25% des apports caloriques totaux), dont la proportion de glucides était légèrement réduite (45% des apports caloriques totaux) et à index glycémique bas, ont maintenu leur poids pendant la phase de stabilisation pondérale. Cette répartition des macronutriments apparaît donc comme idéale pour la prévention de la reprise de poids suite à un amaigrissement.

Le Programme RNPC, de la recherche à la pratique clinique

Les phases d’amaigrissement et de stabilisation du Programme RNPC ont été inspirées directement du protocole de cette étude. Quelques aménagements ont toutefois étaient nécessaires du fait que le Programme RNPC est suivi en conditions de vie réelle, et non dans le cadre très contrôlé d’une étude de recherche clinique. Ainsi, le programme alimentaire de la phase d’amaigrissement du Programme RNPC comprend deux repas par jour à base de viande, poisson, œufs ou crustacés, avec des légumes et un fruit, auxquels s’ajoutent des compléments de repas enrichis en protéines et vitamines et appauvris en glucides et lipides.

Le Professeur Arne Astrup, expert mondialement connu pour ses recherches dans le domaine de l’obésité et principal investigateur de l’étude de DiOGenes, s’est exprimé au sujet du Programme RNPC à l’occasion du 3e congrès multidisciplinaire organisé par le réseau RNPC :

« Quand je regarde en arrière, il y a 7 ans, j’ai rencontré Rémy Legrand pour la première fois à Copenhague et j’ai été vraiment très surpris d’apprendre l’existence du Programme RNPC, et notamment comment il avait été conçu et développé, sur la base des résultats des travaux de recherche que nous avions réalisés mes collègues et moi. Rémy Legrand a utilisé à bon escient cette recherche et l’a adaptée en pratique clinique pour prendre en charge l’obésité. Je pense que c’est véritablement une prise en charge de la surcharge pondérale très innovante. Ainsi, le Programme RNPC a déjà changé la vie de milliers de personnes qui vivent avec l’obésité et c’est selon moi aujourd’hui la prise en charge la plus efficace contre cette maladie. Je suis impressionné par son efficacité à la fois sur la perte de poids et sur le maintien de cette perte de poids. Je constate également une amélioration impressionnante des comorbidités chez ces patients. Nous n’avons jamais vu un programme tel que celui-ci, disponible pour autant de monde à travers tout le pays. »

Tout est dit ! Les résultats issus de la recherche, surtout dans des domaines aussi importants que la lutte contre le surpoids, l’obésité et leurs comorbidités, doivent être communiqués aux professionnels de santé comme au grand public, et surtout utilisés par tous pour améliorer constamment la prise en charge des patients concernés, du dépistage au diagnostic, puis à la thérapeutique.

Pour en savoir plus :

Service scientifique RNPC : odile.fabre@groupethiquetsante.com

(1) Saris WHM. DIOGenes: an integrated multidisciplinary approach to the obesity problem in Europe. Nutr Bull. 2005;30:1-6

(2) Larsen TM, et al. Diets with high or low protein content and glycemic index for weight-loss maintenance. . New England Journal of Medicine. 2010;363(22):2102-13

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