Le syndrome d'apnée du sommeil en France, fréquent et sous-diagnostiqué

Le syndrome d’apnée du sommeil se manifeste par des interruptions répétées et incontrôlées de la respiration pendant le sommeil. Ces ‘pauses respiratoires’ entrainent des micro-éveils incessants dont le patient n’a pas conscience mais dont les répercussions sur la qualité de vie (somnolences diurnes, difficultés de concentration ou de mémoire, irritabilité, diminution de la libido) sont bien réelles.

Plus grave encore, le syndrome d’apnée du sommeil a également des conséquences délétères sur la santé, avec une augmentation du risque de complications cardiovasculaires telles que l’hypertension artérielle, la maladie coronaire, l’accident vasculaire cérébral, l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, les troubles du rythme cardiaque.

Il est donc primordial de diagnostiquer les personnes qui sont atteintes de ce syndrome. Problème : celles-ci sont rarement conscientes du problème ou ignorent volontairement leurs symptômes.

Les questionnaires de dépistage du syndrome d’apnée du sommeil

Vous êtes constamment fatigué au réveil, vous somnolez dans la journée, vous êtes irritable et notez une baisse de votre libido ? Autant de symptômes qui trahissent un sommeil perturbé. Votre conjoint(e) dit que vous ronflez ? Vous êtes un homme et êtes en condition de surpoids voire d’obésité ? Vous pourriez être atteint du syndrome d’apnée du sommeil. Pour en mesurer le risque, prenez quelques minutes pour répondre à un des tests de dépistage de cette maladie.

Il en existe de nombreux parmi lesquels les questionnaires de Berlin [1], STOP-Bang [2], et l’échelle de somnolence d’Epworth [3] sont les plus connus. Si le STOP-Bang semble être le plus précis des 3 [4], ce sont tous des outils de dépistage éprouvés, utilisés par la plupart des spécialistes en médecine du sommeil, qui permettent de savoir si vous êtes à risque de faire des apnées du sommeil pendant que vous dormez.

Si vous avez répondu à un de ces questionnaire et que le résultat indique que vous êtes à risque élevé d’apnée du sommeil, parlez en à votre à votre médecin traitant pour qu’il vous oriente vers un médecin spécialiste du sommeil. Celui-ci vous proposera de réaliser un examen appelé polygraphie ventilatoire pour confirmer ou non un syndrome d’apnée du sommeil.

La polygraphie ventilatoire, en quoi ça consiste ?

La polygraphie ventilatoire est un examen utilisé pour diagnostiquer le syndrome d’apnée du sommeil. Elle permet, grâce à des capteurs fixés à différents endroits de votre corps et reliés à un boîtier d’enregistrement, d’enregistrer les mouvements respiratoires, la concentration en oxygène dans le sang, les sons nocturnes et la fréquence cardiaque au cours du sommeil.

Dormir avec cet appareillage peut être un peu contraignant mais toutes les mesures sont non invasives donc n’occasionnent aucune douleur.

L’appareillage comporte habituellement :

  • Deux ceintures, une thoracique et une abdominale, qui enregistrent les mouvements respiratoires pendant la nuit ;
  • Un micro positionné à la base du cou qui enregistre les sons de la respiration et du ronflement ;
  • Un oxymètre fixé sur l’index qui analyse l’oxygénation du sang ;
  • Une lunette nasale qui capte le flux d’air de la respiration nocturne ;
  • Un petit boîtier électronique qui enregistre l’ensemble des données mesurées pendant la nuit.

Une fois harnaché de la sorte, vous n’aurez plus qu’à dormir chez vous selon vos habitudes, afin que les mesures soient représentatives de vos conditions normales de sommeil.

Par la suite, les données enregistrées seront analysées par le médecin qui, en fonction du nombre de pauses respiratoires que vous aurez faites pendant votre sommeil, diagnostiquera (ou non) un syndrome d’apnée du sommeil et en déterminera, le cas échéant, la sévérité.

Vous avez été diagnostiqué apnéique ? Pas de panique !

Après un diagnostic de syndrome d’apnée du sommeil et lorsque celui-ci est associé à un surpoids, la première mesure consiste à perdre du poids. Une réduction d’au moins 5% du poids initial réduit nettement la sévérité des apnées du sommeil et est suffisante pour entrainer la disparition des apnées chez 50% des patients [5].

En parallèle au programme de perte de poids, et selon la sévérité de la maladie, le médecin qui vous a diagnostiqué(e) vous prescrira un traitement adapté pour minimiser les conséquences des pauses respiratoires nocturnes sur votre santé. Si votre syndrome d’apnée du sommeil est modéré, une orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) suffira probablement. Si votre syndrome d’apnée du sommeil est sévère, la ventilation à pression positive continue (VPPC) sera probablement l’option qui vous sera proposée. Enfin, plus rarement, en cas d’anomalies anatomiques majeures (grosses amygdales, petite mâchoire…)., une prise en charge chirurgicale pourra s’avérer nécessaire.

Références

[1]  Netzer NC, et al. Using the Berlin Questionnaire to identify patients at risk for the sleep apnea syndrome. Ann Intern Med. 1999;131(7):485-9
[2]  Chung F, et al. STOP-Bang Questionnaire: A Practical Approach to Screen for Obstructive Sleep Apnea. 2016;149(3):631-8
[3]  Johns MW. A new method for measuring daytime sleepiness: the Epworth sleepiness scale. 1991;14(6):540-5
[4]  Chiu HY, et al. Diagnostic accuracy of the Berlin questionnaire, STOP-BANG, STOP, and Epworth sleepiness scale in detecting obstructive sleep apnea: A bivariate meta-analysis. Sleep Med Rev. 2017;36:57-70
[5]  Tuomilehto H et al. The impact of weight reduction in the prevention of the progression of obstructive sleep apnea: an explanatory analysis of a 5-year observational follow-up trial. Sleep Med. 2014;15(3):329-35

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