Une maladie fréquente mais sous-diagnostiquée

Le diabète, avec les maladies cardiovasculaires, le cancer et les maladies respiratoires chroniques fait partie des les quatre maladies non transmissibles prioritaires pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) car responsables à elles quatre de 71% des décès dans le monde (soit 41 millions de personnes).

La Fédération internationale du diabète estime que 463 millions d’adultes (20-79 ans) étaient atteints de diabète dans le monde en 2019, et ce nombre devrait atteindre 700 millions d’ici 2045, devenant ainsi l’une des principales causes d’invalidité et de décès dans le monde. En 2021, en France, 4,2 millions de personnes étaient identifiées diabétiques par l’Assurance Maladie.

Le Prof. Mickael Lean, médecin expert mondial du diabète et enseignant-chercheur à Glasgow, a alerté l’auditoire sur la dangerosité de cette maladie lors du 3e congrès multidisciplinaire RNPC organisé à Marseille en juillet 2023 : « Le diabète cause de multiples complications et, très important, il réduit l’espérance de vie. Si on considère la survie à 10 ans, elle est de 80% pour le cancer du sein, et de seulement 50% pour le diabète. Le pronostic à 10 ans est donc plus mauvais pour le diabète que pour le cancer du sein. »

Les différents types de diabète

Le diabète est défini par l’élévation chronique de la glycémie (concentration de glucose dans le sang). On parle d’hyperglycémie lorsque la glycémie est supérieure à 1,26 g/l (ou 7,0 mmol/l) après un jeûne de 8 heures, et le diabète est diagnostiqué lorsque cette anomalie est constatée à deux reprises.

Le terme diabète regroupe plusieurs maladies de pathogénie différente, dues à un trouble de la sécrétion et/ou de l’action de l’insuline.

Le diabète de type 1 est secondaire à la destruction auto-immune (c’est-à-dire par les propres défenses de l’organisme) des cellules béta des îlots de Langerhans pancréatiques produisant l’insuline. Le pancréas ne produit donc plus ou plus assez de cette dont le rôle principal est de réguler la glycémie (taux de sucre dans le sang). Cette maladie concerne moins de 10% des diabétiques et se manifeste généralement à un âge relativement précoce (moins de 25 ans). Le seul traitement est l’insuline que les patients doivent s’injecter tous les jours pour réguler leur glycémie.

Le diabète de type 2 est une affection métabolique caractérisée par une déficience soit de l’action de l’insuline sur ses tissus cibles (on parle d’insulinorésistance), soit de la sécrétion d’insuline par les cellules endocrines, soit des deux. Ainsi, contrairement au diabète de type 1, le pancréas produit toujours de l’insuline, du moins dans un premier temps ; c’est l’organisme qui a du mal à l’utiliser. Une partie du glucose transporté par le sang n’est donc plus assimilé et s’accumule dans le sang. Ce type de diabète concerne plus de 90% des personnes diabétiques. Il touche plus particulièrement l’adulte de plus de 45 ans, sédentaire et en surcharge pondérale, surtout lorsque l’excès de poids est localisé au niveau de l’abdomen.

Le prédiabète, également qualifié d’intolérance au glucose, correspond à une hyperglycémie à jeun modérée, entre 1,10 g/l (ou 6,1 mmol/l) et 1,25 g/l (6,9 mmol/l), c’est-à-dire n’atteignant pas le seuil de diagnostic de diabète mais associé à une augmentation du risque de progression vers le diabète de type 2.

Le diabète peut aussi être secondaire à une maladie pancréatique, une hémochromatose, ou induit par des médicaments (antipsychotiques, corticoïdes).

Prédiction du risque de diabète

Si le diabète de type 1 ne peut s’anticiper ni se prévenir, le dépistage du diabète de type 2 devrait être proposé en présence des facteurs de risque suivants :

  • Une surcharge pondérale, même peu importante mais localisée au niveau au niveau de l’abdomen. Rappelons qu’il est important de mesurer systématiquement le tour de taille des patients afin de vérifier si celui-ci dépasse les 94 cm pour un homme et 80 cm pour une femme.
  • Une alimentation déséquilibrée, riche en glucides à index glycémique élevé et pauvre en fibres.
  • Un manque d’activité physique.
  • Des antécédents familiaux de diabète.
  • Une ou plusieurs maladie(s) chronique(s) telles que l’hypertension ou les dyslipidémies.

En répondant à huit questions simples, il est possible de déterminer son risque probable de développer un diabète de type 2 dans les 10 prochaines années. Le questionnaire est disponible sur le site Santé Diabète (https://santediabete.org/suis-je-diabetique/#test) et le résultat est immédiat. Ce test, validé internationalement, est recommandé par de nombreuses autorités de santé (dont la Haute Autorité de Santé en France) pour repérer les sujets à risque de diabète.

Dépistage du diabète

Le dépistage du diabète est simple : une simple prise de sang suffit ! Le taux de glucose sera mesuré à jeun, c’est-à-dire après une période minimale de 8 heures sans manger ni boire autre chose que de l’eau. Le diagnostic est posé lorsque la glycémie à jeun est égale ou supérieure à 1,26 g/l (ou 7 mmol/l), et que cette anomalie est constatée à 2 reprises, à quelques semaines d’intervalle. Si le résultat est égal ou supérieur à 2 g/l, le diabète est immédiatement confirmé sans besoin de réaliser une seconde prise de sang. Il faut alors consulter sans tarder un médecin spécialiste du diabète (endocrinologue – diabétologue) qui démarrera la prise en charge de la maladie.

Il est important de dépister le diabète de type 2 le plus précocement possible car l’hyperglycémie chronique peut entrainer des complications graves (maladies cardiovasculaires, insuffisance rénale, rétinopathie, neuropathie), pouvant mener à l’invalidité (dialyse, cécité, amputation) voire au décès (infarctus du myocarde, AVC).

Le diabète de type 2, une maladie réversible

Dans l’essai clinique DiRECT (pour Diabetes Remission Clinical Trial), publié dans le Lancet, supervisé par les professeurs Roy Taylor de l’Université Newcastle et Michael Lean de l’Université de Glasgow, il a été démontré qu’un régime pauvre en calories pouvait, en quelques semaines seulement, faire ce qui était considéré comme impossible jusque-là, à savoir relancer la production d’insuline dans le pancréas et par conséquent inverser l’évolution du diabète de type 2. Les résultats de cette étude ont été publiés dans de nombreux journaux scientifiques de référence, et prouvent que la réversibilité du diabète est bel et bien possible par l’application de règles hygiéno-diététiques adaptées.

Le Prof. Michael Lean, lors de son intervention au 3e congrès multidisciplinaire RNPC, n’hésitait pas à parler de « guérison » du diabète de type 2.

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