Jeudi 10 mars 2022 : Journée Mondiale du Rein 

En France, on estime que 6 millions de personnes sont atteints d’une maladie rénale et l’ignorent. Le dépistage des maladies rénales est pourtant simple mais parce qu’elles sont indolores, dites « silencieuses », elles sont majoritairement découvertes à un stade avancé et conduisent inévitablement vers une insuffisance rénale qui ne peut être compensée que par la dialyse ou la greffe.

Chaque année, le nombre de patients concernés augmente de 2% et parmi eux, 11000 vont devoir commencer une dialyse en attendant peut-être une greffe.

En cette journée mondiale du rein, intéressons-nous à l’impact du Programme RNPC sur cet organe dont le rôle est indispensable au bon fonctionnement de notre organisme.

Les centres RNPC reçoivent des patients en surcharge pondérale, pour la plupart diabétiques et/ou hypertendus, non équilibrés pour leur glycémie et/ou leur tension et polymédicamentés de surcroit. Ces patients présentent donc tous les facteurs de risque responsables d’une altération rapide de leur fonction rénale, celle-ci montrant bien souvent déjà des signes de détérioration – hyperfiltration ou insuffisance rénale – lorsqu’ils arrivent au centre pour une prise en charge de leur surpoids ou de leur obésité.

Le Programme RNPC est bénéfique pour le rein

Dans une étude récemment publiée dans le journal scientifique international Nutrients, les données des patients ayant suivi le Programme RNPC entre le 1er janvier 2016 et le 1er juillet 2021 et dont on disposait d’au moins deux mesures de créatininémie, la première mesurée en début de programme et la seconde en fin de phase d’amaigrissement, ont été analysées. L’objectif principal de l’étude était de déterminer l’impact de la perte de poids obtenue grâce au programme sur la fonction rénale. Pour cela, les chercheurs ont comparé les deux valeurs de créatininémie pour étudier son évolution. Rappelons que la créatininémie permet d’estimer le débit de filtration glomérulaire et donc la fonction rénale, notamment grâce à l’équation Modification of Diet in Renal Disease (MDRD).

Les 4394 patients inclus se répartissaient de la façon suivante :

  • 1579 (35,9 %) avaient un une fonction rénale normale (MDRD 90-120 ml/min/1,73 m²)
  • 210 (4,8 %) avaient une hyperfiltration (MDRD > 120 ml/min/1,73 m²)
  • 2383 (54,2 %) avaient insuffisance rénale chronique de grade 2 (MDRD 60-90 ml/min/1,73 m²)
  • 221 (5,0 %) avaient une insuffisance rénale chronique de grade 3 (MDRD 30-60 ml/min/1,73 m²)

Entre ces deux mesures, les patients ont perdu en moyenne 14,5% de leur poids initial. Cette perte de poids s’est accompagnée d’une amélioration significative de la fonction rénale des patients qui présentaient initialement un état pathologique (hyperfiltration ou insuffisance rénale chronique). Chez les patients qui présentaient une fonction rénale normale, celle-ci a été préservée. Notons que ces résultats ont été observés dans tous les sous-groupes de patients, non diabétiques, diabétiques, hypertendus et normotendus.

Par quels mécanismes ?

On peut avancer plusieurs hypothèses pour expliquer ces résultats remarquables :

  • Tout d’abord, la surcharge pondérale étant un facteur de risque indépendant d’altération de la fonction rénale, on peut en déduire aisément le bénéfice direct de la perte la perte de poids sur le rein.
  • L’hypertension artérielle et le diabète sont deux pathologies particulièrement délétères pour le rein, en particulier lorsque les chiffres tensionnels et le taux de glycémie ne sont pas équilibrés. En normalisant ces deux paramètres, la perte de poids permet d’éliminer deux facteurs de risque majeurs de complications rénales.
  • Parallèlement à l’amélioration des comorbidités de la surcharge pondérale, les ordonnances des patients ont tendance à s’alléger : les antihypertenseurs, les antidiabétiques oraux, les anti-inflammatoires contre l’arthrose… les dosages des médicaments sont souvent revus à la baisse et certains traitements sont parfois même complètement supprimés. Or les médicaments et leurs métabolites sont éliminés par les reins dans les urines et de nombreuses molécules, en sollicitant de façon chronique ces organes, peuvent à terme présenter une néphrotoxicité.
  • Enfin, avec la surcharge pondérale, du tissu adipeux se dépose atour des reins et des graisses infiltrent progressivement l’organe. Un « rein gras » n’est pas aussi fonctionnel que ce qu’il devrait être et peine à assurer sa fonction de filtration. Seule une perte de poids, autour de 10-15% du poids initial et ciblée sur la masse grasse peut entrainer la disparition de cette graisse péri- et intra-rénale et ainsi restaurer la fonction rénale.

En conclusion, non seulement le Programme RNPC présente une totale innocuité sur le rein mais il peut également améliorer son fonctionnement grâce à une méthodologie bien spécifique permettant une perte de masse grasse et la résolution des comorbidités de la surcharge pondérale.

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