Puisque de nombreux ronfleurs ignorent qu’ils ronflent, il est difficile d’évaluer la fréquence de ce trouble dans la population. D’après l’Académie américaine d’otolaryngologie, 45 % des adultes ronflent occasionnellement et 25 % régulièrement. Parmi les ronfleurs réguliers, environ 45% sont des hommes contre 30% de femmes.
D’où vient le ronflement ?
Durant le sommeil, la langue, la luette et les tissus du fond du palais et de la gorge se relâchent et s’affaissent. Ils entrainent ainsi une diminution de l’espace permettant le passage de l’air et se mettent à vibrer lors de la respiration, comme des voiles qui claquent au vent : c’est le ronflement.
Cette respiration sonore peut être provoquée ou accentuée par l’une ou l’autre des situations suivantes :
- Causes constitutionnelles : un voile du palais épais, une langue et/ou des amygdales volumineuses, une luette allongée, une cloison du nez déviée, un cou court ou une mâchoire inférieure peu développée ;
- Causes conjoncturelles : le relâchement des tissus lié à l’âge, la grossesse (notamment en raison de la prise de poids) et la ménopause, des polypes dans les voies nasales ou une congestion nasale due à un rhume ou une allergie ;
- Causes acquises : un excès de poids, le tabagisme, l’absorption d’alcool ou de somnifères.
Comment le surpoids favorise-t-il les ronflements ?
Le surpoids favorise les ronflements tout simplement parce que la graisse en excès se dépose aussi autour du cou et à l’intérieur de la gorge, ce qui participe au rétrécissement des voies respiratoires à l’origine du ronflement. De surcroit, la graisse du ventre pousse le diaphragme vers le haut et celle de la poitrine le comprime, réduisant la capacité pulmonaire. En conséquence, les voies respiratoires supérieures sont indirectement compressées, ce qui restreint encore davantage le flux d’air.
C’est grave docteur ?
Généralement, le ronflement est bénin et n’a aucune conséquence sur la santé. En revanche, dans certains cas, il s’accompagne d’arrêts fréquents de la respiration qui peuvent durer de quelques secondes à quelques minutes. On parle dans ce cas d’apnée du sommeil. Ces pauses respiratoires, sont souvent suivies d’un étouffement, d’un ronflement ou d’un halètement, causant un micro-éveil dont la personne concernée n’a la plupart du temps pas conscience.
Tous les ronfleurs n’ont pas d’apnée du sommeil, mais 95 % des patients souffrant d’apnée du sommeil souffrent de ronflements symptomatiques ; c’est donc un symptôme à ne surtout pas ignorer. Outre un ronflement important, les signes qui permettent de soupçonner un syndrome d’apnée du sommeil sont une fatigue chronique, une somnolence voire des endormissements durant la journée, des maux de tête matinaux, des réveils multiples durant la nuit.
L’apnée du sommeil est une maladie reconnue comme étant beaucoup plus grave qu’on ne le pensait auparavant. En effet, elle est associée à des risques accrus de maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension artérielle, les arythmies (battements cardiaques irréguliers), la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral, mais aussi le diabète et les accidents de travail ou de conduite.
Souvent, vous ne vous douterez pas que vous faites de l’apnée du sommeil jusqu’à ce qu’un membre de votre famille vous fasse remarquer que vous ronflez et/ou arrêtez littéralement de respirer pendant la nuit. Si en plus vous êtes fatigué(e) tout au long de la journée, ou si vous ne vous sentez pas reposé(e) après une nuit de sommeil, et que vous avez d’autres problèmes de santé comme de l’hypertension, n’attendez pas et parlez-en à votre médecin.
Les médecins ne peuvent généralement pas détecter cette pathologie lors d’une visite de routine, et aucun test sanguin ne permet de la diagnostiquer. Si votre médecin suspecte un syndrome d’apnée du sommeil, il vous orientera vers un centre ou laboratoire du sommeil pour des tests spécifiques (polysomnographie ou test de sommeil à domicile avec un moniteur portable) avec un confrère spécialiste du sommeil.
Existe-t-il un traitement ?
S’il s’agit simplement de ronflement sans apnée du sommeil, perdre du poids, cesser de fumer et limiter la consommation d’alcool en soirée suffiront souvent à limiter voire régler le problème.
Le surpoids et l’obésité sont la principale cause de ronflement et d’apnée du sommeil. On estime que 70 % des personnes souffrant d’apnée du sommeil sont obèses et 40 % des personnes obèses souffrent d’apnée du sommeil. Pour ne rien arranger, la personne atteinte d’apnée du sommeil et donc privée de sommeil, se sent souvent fatiguée pendant la journée, ce qui peut d’une part l’amener à consommer plus de calories pour recharger ses batteries, et d’autre part à faire beaucoup moins d’activité physique. Suralimentation et sédentarité peuvent ainsi entrainer une prise de poids aggravant l’apnée du sommeil ; c’est un cercle vicieux. Il est donc primordial de maintenir un poids santé lorsqu’on souffre de cette pathologie.
Dans les cas de ronflements majeurs, mais surtout d’apnée du sommeil, la “ventilation par Pression Positive Continue” (ou VPPC) offre souvent des résultats spectaculaires. Cette méthode consiste à porter durant la nuit un masque nasal attaché à une petite pompe qui force l’entrée de l’air ambiant dans les voies respiratoires, empêchant ainsi les tissus de s’affaisser. Quand le masque est bien accepté, son efficacité est excellente. Cependant, il doit être porté toutes les nuits et est souvent mal toléré.
Différents types de chirurgie sont également possibles selon le problème repéré : section d’une partie du voile du palais et de la luette si ceux-ci sont trop volumineux, et parfois retrait des amygdales afin d’élargir les voies respiratoires. Moins douloureuse et plus récente, la somnoplastie peut également être proposée : en créant des microlésions sur les muscles du voile du palais, ceux-ci se durcissent et se contractent, rouvrant les voies respiratoires.