Le stress correspond à l’ensemble des mécanismes d’adaptation, biologiques ou psychologiques, à une situation angoissante ou préoccupante, vécue comme une agression.

De très nombreux travaux épidémiologiques et expérimentaux ont démontré le lien entre le stress (plus particulièrement le stress social) et l’adiposité abdominale, avec ou sans présence d’un syndrome métabolique, ainsi que l’hypertension artérielle et le diabète[1]. Ces pathologies à part entière peuvent par ailleurs avoir des répercussions extrêmement graves. Une méta-analyse de 20 études ayant porté sur 246 846 sujets suivis pendant 11,2 ans en moyenne a confirmé que le risque de cardiopathie ischémique était significativement majoré chez les sujets considérés comme anxieux au début du suivi[2].

Stress social : situation stressante chronique, liée à une condition de vie ou de travail, lorsque les contraintes, qu’elles soient physiques ou surtout mentales, sont vécues négativement.

Cardiopathie ischémique : atteinte cardiaque sérieuse qui peut entraîner des conséquences graves tels qu’un infarctus ou la mort subite.

Syndrome métabolique : présence de plusieurs anomalies métaboliques (glycémie, taux de cholestérol et/ou tension artérielle élevés) associées à un risque accru de maladies cardiovasculaire et de diabète.

L’augmentation des apports alimentaires

Plusieurs études ont montré que, chez certaines personnes, le stress encourageait à manger davantage, entrainant une augmentation des apports énergétiques provenant d’aliments particulièrement palatables (croustillants et plaisants) en l’absence de faim. Cette réaction en réponse au stress serait liée à une modification de l’activation d’une zone cérébrale appelée putamen[3]. On sait que le fait de manger exerce des effets apaisants que l’on pourrait qualifier de psychotropes ; les glucides (sucres) seraient particulièrement impliqués dans cet effet. Une alimentation riche en glucides et pauvre en protéines empêche la détérioration de l’humeur chez des sujets sensibles au stress et soumis à une épreuve stressante. D’ailleurs, une étude réalisée chez des étudiants a montré que le stress perçu était associé à une plus grande consommation de fast-food et de sucreries ainsi qu’à une moindre consommation de fruits et légumes[4].

Les facteurs hormonaux

Le stress induit une sécrétion élevée de cortisol, une hormone stéroïde dont la sécrétion prolongée favorise la perte de masse musculaire et l’accumulation de graisse, en particulier au niveau viscéral. En effet, on sait que la graisse viscérale, fortement vascularisée, contient un nombre élevé de récepteurs aux à cette hormone.
Au niveau du cerveau, le cortisol peut perturber la régulation de la prise alimentaire ; non seulement le cortisol stimule l’appétit en s’opposant aux effets de la leptine, l’hormone de la satiété, mais il favorise également les pulsions alimentaires (surtout orientées vers les glucides) en interférant avec la sérotonine, neurotransmetteur de l’humeur, et précurseur de la mélatonine, l’hormone du sommeil.
Par ailleurs, indépendamment du niveau de stress, le tissu adipeux viscéral en excès produit localement et de façon autonome des quantités importantes de cortisol. Stress et surcharge pondérale ne font donc pas bon ménage car entretiennent un véritable cercle vicieux favorisant la prise de poids.
D’autres perturbations hormonales impliquant notamment l’insuline, la résistine et même des facteurs pro-inflammatoires existent, avec des répercussions négatives sur le risque de maladie cardiovasculaire et de diabète.

Conclusion

Le stress ne peut plus être banalisé. Il est pathogène lorsqu’il est négatif, ce qui est le cas du stress social. De très nombreuses études épidémiologiques transversales et prospectives ont mis en évidence un lien entre le stress et la prise de poids, surtout au niveau abdominal, et la survenue de maladies cardiovasculaires et métabolique. Bien sûr, le stress est un facteur de prise alimentaire inappropriée, mais il exerce aussi des effets indirects via notamment la production excessive de cortisol qui intervient sur le stockage des graisses dans le tissu adipeux.

[1] Lecerf JM. Stress et prise de poids. Obésité 2008;3:133-40

[2] Roest AM, et al. Anxiety and risk of incident coronary heart disease : a meta-analysis. J Am Coll Cardiol 2010;56:38-46

[3] Born JM, et al. Acute stress and food-related reward activation in the brain during food choice during eating in the absence of hunger. Int J Obes (Lond) 2010;34:172-81.

[4] Mikolajczyk RT, et al. Food consumption frequency and perceived stress and depressive symptoms among students in three European countries. Nutr J 2009;8:31.

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