Qu’est-ce que syndrome d’apnée du sommeil ?
Le syndrome d’apnée du sommeil (SAS) est un trouble de la ventilation nocturne caractérisé par des pauses respiratoires (apnées) plus ou moins fréquentes et répétées au cours de la nuit. Ces pauses respiratoires, qui ne durent en général que quelques secondes, sont dues à une obstruction des voies aériennes supérieures qui empêchent l’air d’atteindre les poumons et donc d’oxygéner le sang correctement. Le cœur travaille donc anormalement fort pour essayer de mobiliser toutes les réserves en oxygène.
La reprise de la respiration provoque des microréveils dont le dormeur n’a pas forcément conscience mais qui perturbent et fragmentent son sommeil. En effet, celui-ci n’est plus du tout réparateur, entrainant par conséquent de la fatigue, une somnolence excessive et des maux de tête au cours de la journée.
En France, on considère qu’il y a SAS avéré lorsque le dormeur connaît plus de dix apnées (soit une interruption de la respiration de plus de dix secondes) par heure de sommeil.
On estime que le SAOS est présent chez 1 à 5 % de la population adulte. Elle est plus fréquente chez les hommes.
Comment évolue le syndrome d’apnée du sommeil ?
Le SAS augmente le risque de tout un cortège de comorbidités graves et chroniques telles que le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, le syndrome métabolique, les dyslipidémies, la fibrillation auriculaire, l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral ainsi que de la mortalité qui leur est liée. Ce risque croît avec l’âge ainsi qu’avec le nombre d’apnées observées par heure de sommeil.
Si les conséquences cardiovasculaires et métaboliques du SAOS sont largement connues, cette année, de nombreux travaux de recherche, dont une étude de cohorte française [1], ont établi un lien entre SAS et cancer (notamment celui du poumon), surtout si les sujets ne sont pas traités.
Syndrome d’apnée du sommeil et surcharge pondérale
Le SAS est associé dans l’inconscient collectif, y compris dans celui des médecins, à une personne en surpoids. Il est vrai que la proportion de personnes en surcharge pondérale dans la population atteinte de SAS est très importante, de l’ordre de 50-70% selon le degré de sévérité du SAS.
Le surpoids et l’obésité sont désormais reconnue comme des facteurs favorisant le SAS. Le SAS fait donc partie, au même titre que le diabète, l’hypertension et la maladie du foie gras des complications de la surcharge pondérale. Plus que le niveau de celle-ci, c’est la répartition de la masse grasse, prédominante au niveau abdominal, et plus justement au niveau viscéral (graisse qui entoure les organes), qui intervient comme élément favorisant. Ainsi, l’augmentation du tour de taille et du tour de cou, reflets des dépôts de graisse à l’intérieur de l’abdomen et autour du pharynx, se révèlent d’excellents marqueurs prédictifs de SAS.
De façon réciproque, le SAS est un facteur favorisant de surcharge pondérale. En effet, un sommeil de mauvaise qualité ou en quantité insuffisante a pour effet d’entrainer une augmentation de l’insulinorésistance et donc du stockage des graisses dans le tissu adipeux (par augmentation d’une hormone appelée insuline), de diminuer la sensation de satiété et la dépense énergétique (par diminution d’une hormone appelée leptine) et d’augmenter l’appétit (par augmentation d’une autre hormone appelée ghréline). Ces bouleversements hormonaux nous pousseraient également à nous diriger préférentiellement vers des aliments sucrés. De plus, par la somnolence, le SAS est également un frein à l’activité physique, favorisant ainsi la prise de poids.
Comment traiter le SAS ?
Pour les SAS les plus sévères, le traitement de référence est la thérapie par ventilation à pression positive continue (VPPC). Ce traitement utilise un appareil qui permet d’insuffler de l’air en continu par le nez, grâce à un masque porté pendant le sommeil. L’air insufflé permet de maintenir les voies respiratoires ouvertes de façon continue, ce qui supprime les apnées, les ronflements et permet de normaliser le flux de l’air (oxygène). Mais ce traitement, s’il permet de réduire considérablement le risque de mortalité ainsi que celui de développer une des nombreuses comorbidités du SAS n’a malheureusement qu’un effet préventif et non curatif [2].
Chez toutes les personnes ayant un SAS, quelle qu’en soit la sévérité, les modifications thérapeutiques du mode de vie visant la perte de poids, sont au cœur de la prise en charge.
Une étude suédoise réalisée sur 63 hommes en surpoids, âgés de 30 à 65 ans et présentant un SAS modéré ou sévère traité par ventilation en pression positive continue, a largement démontré l’intérêt de la perte de poids dans le traitement de cette pathologie. Les résultats ont été publiés dans le prestigieux journal scientifique British Medical Journal [3].
Dans cette étude, les sujets ont suivi un programme de perte de poids sur 1 an. Les 7 premières semaines, un régime hypocalorique (550 kcal/jour) à base de substituts de repas liquides a été insaturé, suivi d’une réintroduction progressive d’aliments normaux pendant 2 semaines. Les 43 semaines suivantes, un programme de maintien de la perte de poids leur a été proposé, incluant des réunions de groupe, une rééducation nutritionnelle, la pratique d’une activité physique, voire un recours à des substituts de repas et/ou un traitement médicamenteux. 58 patients (soit 92%) ont achevé la phase de perte de poids ; 44 (70%) ont complété le programme jusqu’au bout. Les résultats sur le SAS sont édifiants :
• Après la phase de perte de poids, tandis que le poids a diminué de 18 kg en moyenne, passant de 113 à 95 kg, le nombre d’apnées par heure a diminué de 60%, passant d’une moyenne de 36 à 15 ;
• Après avoir complété le programme d’un an, le poids a diminué de 12 kg en moyenne et le nombre d’apnées par heure a diminué de 47% ;
• Après suivi du programme complet, 30 patients (soit 48%) ne nécessitaient plus de ventilation en pression positive continue et 6 (soit 10%) montraient une totale rémission de leur SAS (nombre d’apnées inférieur à 5 par heure).
Ainsi, convaincre un patient en surpoids ou obèse et apnéique de maigrir reste sans aucun doute le meilleur service à lui rendre ! À condition de lui proposer un véritable programme médico-diététique comprenant un suivi multidisciplinaire (par son médecin généraliste, son pneumologue, son diététicien et éventuellement son cardiologue) ainsi qu’un accompagnement régulier et à long terme par un professionnel de santé pour éviter la reprise de poids.
Références :
[1] steau G, et al., on behalf of the ERMES study group, Association between nocturnal hypoxemia and cancer incidence in patients investigated for obstructive sleep apnea. Data from a large multicenter French cohort. Chest 2020;S0012-3692(20):31853-5
[2] Jullian-Desayes I, et al. Impact of obstructive sleep apnea treatment by continuous positive airway pressure on cardiometabolic biomarkers: A systematic review from sham CPAP randomized controlled trials. Sleep Medicine Reviews 2015;21:23e38
[3] Johansson K, et al. Longer term effects of very low energy diet on obstructive sleep apnoea in cohort derived from randomised controlled trial: prospective observational follow-up study. BMJ 2011;342:d3017