Qu’est-ce que la “malbouffe” ?

Nous avons tendance à associer, à tort, la malbouffe à la nourriture que nous consommons dans les fast-foods comme les hamburgers, les pizzas, les kebabs, ou les snacks comme les chips, les biscuits ou encore les sodas. Or, celle-ci se présente sous plusieurs formes, parfois de manière insidieuse, et vous pourriez en consommer beaucoup plus que vous ne le pensez…

La malbouffe désigne en fait toute forme de nourriture produite industriellement et de mauvaise qualité nutritive du fait d’une teneur trop importante en sel, graisses et sucres. Il s’agit notamment de préparations alimentaires pleines d’additifs et de conservateurs, relativement délétères pour la santé quand elles sont consommées à long terme.

La malbouffe s’est répandue massivement depuis le développement de l’industrie agroalimentaire et a aujourd’hui investi la plupart des rayons de nos supermarchés. Bien que les pouvoirs publics aient pris conscience du risque sanitaire causé par ce type de nourriture, la malbouffe reste très présente dans l’alimentation des Français.

Les conséquences de la malbouffe sur la santé

L’alimentation est aujourd’hui la première cause de mortalité au monde. Les chiffres sont alarmants : en France, on impute à la malbouffe 8 millions d’obèses, 500 000 insuffisants cardiaques, 10 millions d’hypertendus, et plus 4,5 millions de diabétiques. Elle aurait aussi une responsabilité dans environ un quart des cancers.

Selon une étude publiée en 2017 dans la revue scientifique The Lancet [1], chaque année, 11 millions de personnes meurent d’une mauvaise alimentation. C’est trois millions de plus que pour le tabac !

Dans son rapport, le comité expert du Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition a publié un rapport montrant le lien entre une mauvaise alimentation et le risque de décès prématuré : la consommation de malbouffe fait perdre plus d’année de vie et d’années en bonne santé que d’autres facteurs comportementaux tels que le tabagisme, l’alcoolisme, ou les conduites sexuelles à risque.

Surpoids voire obésité

La malbouffe, trop riche en graisses et en sucres, a des effets désastreux sur notre poids, notamment lorsqu’elle est associée à la sédentarité. Reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé comme une maladie chronique depuis 1997, l’obésité menacerait près de 2 milliards d’individus sur la planète. Au sein de l’Hexagone, près de 7 millions de personnes sont concernées, soit environ 15 % de la population (elle ne touchait que 5,30 % des Français en 1981). Selon la Ligue nationale contre l’obésité, les maladies liées à la surcharge pondérale tueraient près de 180 000 personnes par an tous les ans, soit plus que le cancer.

Hypertension artérielle et maladies cardiovasculaires

La malbouffe contient généralement trop de sel, ce qui peut causer une augmentation de la pression artérielle. Or, une pression excessive du sang sur la paroi de nos artères entraine, à long terme, un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires.

La grande quantité de graisses saturées que contient généralement ce type de nourriture favorise également une augmentation des taux sanguins de cholestérol et de triglycérides qui, en se déposant dans nos artères, fait grimper la pression artérielle.

Rappelons que l’hypertension artérielle non contrôlée est l’un des principaux facteurs de risque de maladie cardiovasculaire (insuffisance coronarienne, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral…).

Diabète

En consommant de façon excessive et répétée des aliments trop sucrés, l’organisme est exposé à une hyperglycémie chronique, qu’il ne peut à terme plus contrôler car le pancréas ne produit plus suffisamment d’insuline. C’est ainsi que se développe le diabète de type 2, avec tous les désordres métaboliques et le risque de complications graves que cela suppose.

Le diabète est en constante augmentation, en France ; le nombre de diabétiques est passé de 1,6 million en 2010 à plus de 4,5 millions en 2019.

Cancer

Le risque de développer un ou plusieurs cancers augmente avec la consommation d’aliments trop gras, trop sucrés, et surtout dépourvus d’antioxydants. Prostate, pancréas, intestin, utérus… plusieurs organes sont concernés.

Dépression

Si manger gras et sucré nous apporte un bref sentiment de réconfort, un régime de malbouffe peut s’accompagner de lourdes conséquences sur le plan mental à plus long terme.

Le lien entre régime alimentaire et dépression a notamment été mis en évidence par une équipe de chercheurs britanniques [2]. Ces derniers ont analysé les données recueillies par 11 études portant au total sur plus de 100 000 personnes de tous âges, de tous sexes, d’ethnies variées et vivant dans différents pays. Les personnes dont le régime alimentaire était riche en graisses saturées et en sucres se sont révélées en moyenne 1,4 fois plus susceptibles que les autres de présenter des symptômes dépressifs. Ces aliments entraîneraient, lors de leur digestion, une inflammation non seulement de l’intestin, mais aussi du cerveau, et même de tout l’organisme. Cette inflammation chronique dite “systémique” affecterait notamment les mécanismes neurobiologiques impliqués dans la régulation de l’humeur.

Troubles de l’attention et de la mémoire

Des chercheurs australiens de l’Université Macquarie de Sydney ont publié les conclusions affolantes d’une étude suggérant qu’une seule semaine de malbouffe pouvait altérer le fonctionnement cérébral, et plus précisément de l’hippocampe, la région cérébrale qui gère notamment l’apprentissage et la mémoire [3]. En effet, des étudiants qui avaient consommé un régime de type “occidental” riche en graisses et en sucres pendant sept jours obtenaient de moins bons résultats à des tests cognitifs que ceux qui avaient suivi un régime alimentaire équilibré.

Perte de la vue et de l’audition

En 2019, le journal britannique The Independant a rapporté le cas rarissime d’un adolescent britannique devenu sourd et aveugle après s’être exclusivement nourri de chips, de saucisses et de jambon industriel durant des années [4]. Ce régime alimentaire a causé chez le jeune homme des carences alimentaires en vitamine D et B12, en cuivre et en sélénium, entraînant une maladie rare : la neuropathie optique.

Astuces pour limiter la malbouffe

Contrôler l’environnement alimentaire

Si vous savez qu’il y a des aliments spécifiques auxquels vous ne pouvez résister, en particulier lorsque vous vous sentez stressé(e) ou triste, assurez-vous de ne pas avoir ces aliments à la maison. Bien sûr, vous pourriez aller les acheter, mais le temps et l’énergie qu’il vous faudrait pour vous procurer ces aliments peuvent représenter un obstacle plus important que l’envie d’en consommer. Essayez au contraire de remplir votre cuisine d’aliments que vous aimez mais sains et nutritifs.

Quand vous n’êtes pas chez vous, éviter les situations pouvant vous pousser à la consommation de malbouffe et les lieux de tentation : si vous savez que la salle de repos au travail est toujours pleine de friandises, prenez donc votre déjeuner à l’extérieur !

Prendre ses repas en famille

Une nourriture saine n’est pas seulement basée sur ce que nous mangeons, mais aussi sur la façon dont nous la mangeons. Si partager un bon repas avec ses amis et sa famille est incontestablement une source de bien-être, il semblerait que ce soit également bénéfique pour la santé. Dans une étude publiée en avril 2021, des chercheurs de l’Université ouverte de Catalogne ont interrogé 12 familles avec des enfants âgés de 12 à 16 ans sur leurs habitudes de repas et leur état de santé général. Ils ont constaté que les routines de repas en famille, comme partager de la nourriture, s’asseoir autour d’une table sans appareils numériques, ou tout simplement avoir une conversation agréable, permettaient de réduire le risque d’obésité [5]. Alors, en plus de recommander cinq fruits et légumes par jour, pourquoi ne pas proposer au moins un repas familial par semaine ?

Références

  • GBD 2017 Diet Collaborators. Health effects of dietary risks in 195 countries, 1990-2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet. 2019;393(10184):1958-72
  • Katie Tolkien K, et al. An anti-inflammatory diet as a potential intervention for depressive disorders: A systematic review and meta-analysis. Clin Nutr. 2019;38(5):2045-52
  • Richard J Stevenson RJ, et al. Hippocampal-dependent appetitive control is impaired by experimental exposure to a Western-style diet. R Soc Open Sci. 2020;7(2):191338
  • Harrison R, et al. Blindness Caused by a Junk Food Diet. Ann Intern Med. 2019;171(11):859-61
  • De la Torre-Moral A, et al. Family Meals, Conviviality, and the Mediterranean Diet among Families with Adolescents. Int J Environ Res Public Health. 2021;18(5):2499
  • GBD 2017 Diet Collaborators. Health effects of dietary risks in 195 countries, 1990-2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet. 2019;393(10184):1958-72
  • Katie Tolkien K, et al. An anti-inflammatory diet as a potential intervention for depressive disorders: A systematic review and meta-analysis. Clin Nutr. 2019;38(5):2045-52
  • Richard J Stevenson RJ, et al. Hippocampal-dependent appetitive control is impaired by experimental exposure to a Western-style diet. R Soc Open Sci. 2020;7(2):191338
  • Harrison R, et al. Blindness Caused by a Junk Food Diet. Ann Intern Med. 2019;171(11):859-61
  • De la Torre-Moral A, et al. Family Meals, Conviviality, and the Mediterranean Diet among Families with Adolescents. Int J Environ Res Public Health. 2021;18(5):2499
  • GBD 2017 Diet Collaborators. Health effects of dietary risks in 195 countries, 1990-2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet. 2019;393(10184):1958-72
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