Pendant le premier confinement du 17 mars au 11 mai 2020, une étude menée par l’Ifop pour le site Darwin Nutrition a révélé que les Français avaient pris du poids, en moyenne 2,5 kg. En effet, les sept semaines de confinement passées à la maison ont favorisé de nouvelles (mauvaises) habitudes comme des apéritifs plus fréquents : selon l’étude de l’Ifop, 42 % des sondés ont avoué avoir pris l’apéritif plus qu’avant.
L’alcool n’apporte rien à l’organisme… à part des calories !
Il n’est pas nécessaire d’être un expert en diététique pour savoir qu’il vaut mieux éviter le sucre et le gras pour perdre du poids. En revanche, réduire sa consommation d’alcool est un réflexe moins courant. Pourtant, l’alcool apporte beaucoup de calories : un gramme d’alcool pur contient 7 calories (kcal), soit presque autant que le beurre (7,6 kcal), quasiment deux fois plus que les sucres (4 kcal/g) et un peu moins que les graisses (9 kcal/g). Boire un verre de vin (10 cl, soit 10 à 12 g d’éthanol) revient donc à manger trois carrés de sucre en termes de calories. Ainsi, rien qu’en supprimant l’alcool, on peut diminuer ses apports énergétiques de 10 à 30 % selon ses habitudes alimentaires.
Ce renoncement n’est nullement préjudiciable car l’alcool n’apporte que des calories dites “vides”. En effet, il ne contient aucune vitamine ni aucun nutriment, rien d’utile à l’organisme si ce n’est le plaisir qu’il procure. D’ailleurs, notre corps s’empresse de l’éliminer par le biais d’une succession de réactions chimiques qui ont principalement lieu dans le foie. Cette transformation de l’alcool aboutit à la synthèse de substances favorisant la production de graisses tandis qu’en parallèle, leur combustion est ralentie. Ainsi, l’alcool favorise doublement la formation et le stockage des graisses. Principaux organes ciblés : le tissu adipeux au niveau abdominal et le foie lui-même. Au-delà du côté inesthétique de la bedaine, ces dépôts sont particulièrement néfastes pour la santé car directement impliqués dans le développement des maladies cardiovasculaires et métaboliques telles que l’hypertension artérielle, les dyslipidémies, le diabète et la maladie du foie gras.
L’alcool aiguise l’appétit et favorise les excès alimentaires
Malgré sa richesse en calories, l’alcool ouvre paradoxalement l’appétit et retarde le sentiment de satiété. En agissant au niveau de l’hypothalamus, une petite glande localisée à la base du cerveau, l’alcool chamboulerait la production des hormones impliquées dans la régulation de l’appétit et de la satiété. Ainsi, on continue à manger alors qu’on devrait avoir arrêté depuis longtemps, consommant parfois bien plus que notre besoin calorique quotidien.
Au-delà de l’aspect physiologique, Le conditionnement et le contexte jouent aussi beaucoup : on arrive souvent à l’heure de l’apéro l’estomac vide, nous incitant à nous jeter sur la nourriture qui l’accompagne, souvent constituée de chips, cacahuètes, saucisson et autres bombes caloriques.
L’alcool favorise le risque d’obésité
D’après une étude coréenne présentée en septembre 2020 lors du congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude de l’obésité (EASO), même de faibles quantités d’alcool suffiraient à augmenter le risque d’obésité. Les chercheurs coréens ont analysé les données médicales de 26 millions d’adultes recueillies entre 2015 et 2016, et démontré que boire ne serait-ce que la moitié d’une dose standard d’alcool par jour, soit l’équivalent de 7 grammes d’alcool pur (un demi-verre de vin ou une demi-bouteille de bière), entrainerait une augmentation du risque d’obésité de 10 %. À deux verres par jour, l’augmentation du risque serait de 22 %, et de 34 % pour plus de deux verres par jour.
Au Royaume-Uni, où surpoids et obésité concernent deux adultes sur trois, la Société royale de santé publique (RSPH) vient d’ailleurs d’interpeller les autorités européennes pour réclamer que l’étiquetage nutritionnel devienne obligatoire sur les bouteilles d’alcool, à l’instar de ce qui se fait pour de nombreux aliments industriels. Selon la RSPH, les boissons alcoolisées comptent pour environ 10 % des apports caloriques chez les adultes britanniques.
En France, le site du Programme National Nutrition Santé (PNNS) ne fait allusion qu’aux dangers de l’alcool pour la santé, notamment concernant les risques de développer certains cancers (foie, voies aéro-digestives, sein), cirrhose et maladies cardio-vasculaires, et pas à son impact sur la prise de poids.