La surcharge pondérale conduit à des problèmes sexuels chez les deux sexes ; les hommes ne sont donc pas épargnés !
Cet article explore les différents mécanismes qui peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement érectile chez les hommes en surpoids ou obèses.
Il n’est pas nécessaire d’être obèse pour être atteint !
En effet, un simple surpoids (IMC compris entre 25 et 30 kg/m2) ou et/ou un tour de taille trop élevé (au-dessus de 94 cm) peut malheureusement suffire.
Il existe des preuves solides d’une corrélation entre ces deux maladies. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : les hommes en surpoids seraient 2,5 fois plus susceptibles d’être atteints de troubles de l’érection que les hommes ayant un indice de masse corporelle (IMC) optimal (c’est-à-dire compris entre 20 et 25 kg/m2).
Par ailleurs, les études ont montré que l’augmentation de 10 cm du tour de taille suffisait à augmenter les risques d’être atteint de dysfonctionnement érectile de 75%. Sachant qu’en comparaison, le vieillissement de 10 ans augmente les risques de seulement 36%, la surcharge pondérale, en particulier lorsqu’elle est localisée au niveau de l’abdomen, présente donc un risque plus élevé de provoquer l’impuissance que le vieillissement.
Le tissu adipeux localisé dans l’abdomen entre les organes ou même parfois à l’intérieur de ces derniers, n’a pas qu’une simple fonction de stockage. Il sécrète de nombreuses molécules chimiques diverses dont certaines entrainent une diminution de la production de monoxyde d’azote (ou NO). Or, cette substance jour un rôle majeur dans la dilatation de tous les vaisseaux sanguins, y compris ceux irrigant le pénis et permettant l’afflux de sang à l’origine de l’érection.
D’un point de vue biologique et médical, l’érection est un processus complexe qui implique une série de réactions chimiques en lien avec le système nerveux, les muscles, les hormones… et les vaisseaux sanguins. Un trouble de l’un de ces éléments entraînera une dysfonction érectile.
Notons que le mécanisme d’action du citrate de sildénafil ou Viagra®, traitement oral le plus connu contre l’impuissance, est justement lié à une augmentation de l’effet du monoxyde d’azote.
Déficience en testostérone : une érection difficile
Plusieurs études montrent qu’il existe une relation directe et inquiétante entre le surpoids et des niveaux inférieurs de testostérone dans les testicules. Or, cette hormone joue un rôle déterminant dans de nombreux processus biologiques et physiologiques, notamment l’apparition des caractères sexuels primaires et secondaires chez l’homme (voix plus grave, croissance et musculature plus importantes, structure osseuse plus forte), le développement des organes reproducteurs mâles et les fluctuations de la libido.
En ce qui concerne l’impuissance, l’explication est plutôt simple : si des niveaux inférieurs de testostérone provoquent une réduction de la libido, alors l’érection devient compliquée car il n’y a plus aucun désir d’avoir des rapports sexuels. Le sujet “bande mou”.
Il importe de noter qu’une stimulation sexuelle est nécessaire pour que les médicaments oraux contre la dysfonction érectile fassent effet, donc même un traitement contre l’impuissance peut rester inefficace face à ce problème.
Les comorbidités
La surcharge pondérale cause également beaucoup de pathologies ayant elles-mêmes un impact sur les troubles de l’érection. Les plus importantes sont :
• Les maladies cardiovasculaires
• L’hypertension
• L’athérosclérose
• Les dyslipidémies
• L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs
• Le diabète de type 2
Toutes ces maladies affectent le système cardiovasculaire et plus précisément l’état des vaisseaux sanguins. Or, des dommages causés aux vaisseaux sanguins peuvent entrainer une réduction du flux sanguin dans le pénis et donc une érection difficile.
L’impact psychologique peut-il être lié aux troubles de l’érection ?
Bien sûr, l’obésité a un impact psychologique sur les personnes atteintes, l’estime de soi et de son corps étant importantes dans une vie sexuelle épanouie. Même si cela demeure très personnel et subjectif, l’apparence physique peut créer des difficultés importantes dans l’intimité d’un couple. De nombreux hommes sont simplement “bloqués” par leur état émotionnel et ne peuvent pas avoir une érection normale à cause de l’anxiété. Ce phénomène est parfois appelé impuissance mentale.
Que faire si je suis atteint de problèmes d’érection et en surpoids ?
Bien sûr, la façon la plus efficace et la plus sûre de résoudre un problème d’impuissance causé par la surcharge pondérale est de perdre du poids.
Non seulement votre vie sexuelle s’en trouvera grandement améliorée mais également votre état de santé général. De nombreuses études ont montré que dans une majorité des cas, les troubles de l’érection sont réversibles.
Une étude italienne réalisée sur 110 hommes obèses a montré que plus de 30% ont retrouvé une fonction sexuelle normale après avoir perdu en moyenne 14 kg sur une période de deux ans. En comparaison, seuls 5% des hommes obèses du groupe témoin (qui n’a pas perdu de poids) ont retrouvé une fonction érectile [1].
Soyez proactifs ! Le Programme RNPC peut vous aider à perdre du poids rapidement et en toute sécurité : une étude clinique publiée en 2018 dans le journal scientifique international Obesity Medicine et basée sur l’analyse des données de plus de 2600 hommes ayant suivi la phase d’amaigrissement du Programme RNPC ont montré que ceux-ci avaient perdu en moyenne 11 kg (soit 11% du poids initial) et 16 cm de tour de taille en seulement 3 mois [2].
Et les médicaments contre l’impuissance ?
Le Viagra® (sildénafil), le Cialis® (tadalafil), le Levitra® (vardénafil) ou le Spedra® (avanafil), qui sont normalement efficaces dans le traitement de l’impuissance (dans le cas où le problème est directement lié à l’endommagement des vaisseaux sanguins) voient malheureusement leur efficacité diminuée en cas de surcharge pondérale. En effet, les sécrétions du tissu adipeux abdominal inhibant la libération de monoxyde d’azote, elles luttent contre le mécanisme d’action de ces médicaments.Références :
[1] Evans MF. Lose weight to lose erectile dysfunction. Can Fam Physician. 2005 Jan 10; 51(1): 47–49
[2] Thorning TK, et al. Weight loss and weight loss maintenance efficacy of a novel weight loss program: The retrospective RNPC® cohort. Obesity Medicine. 2018;10:16-23