La surcharge pondérale est souvent définie d’après l’IMC (indice de masse corporelle), un rapport entre la taille et le poids considéré comme la valeur de référence pour évaluer la corpulence d’une personne. Selon les standards d’IMC établis par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), on compte en France 49% d’adultes en surcharge pondérale, dont 32% en surpoids (IMC ≥ 25 kg/m2) et près de 17% obèses (IMC ≥ 30 kg/m2). Près de 19 000 nouveaux cas de cancers en France seraient attribuables à une surcharge pondérale en 2015, soit 5,4% de l’ensemble des nouveaux cas de cancers.
La surcharge pondérale favorise une dizaine de cancers
Un lien entre l’IMC et 17 des 22 tumeurs les plus fréquemment observées
En étudiant les 167 000 cas de cancers observés dans une population de plus 5 millions de britanniques âgés de 16 ans, des chercheurs de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres) ont établi un lien entre l’IMC et 17 des 22 tumeurs les plus fréquemment observées au Royaume-Uni [1].
Chaque augmentation de cinq points (i.e. 5 kg par mètre carré) de l’IMC a pu être associée à un risque accru de certains types de cancer, celui de l’utérus arrivant largement en tête (avec un risque accru de 62%), devant la vésicule biliaire (31%), le foie (25%), le col de l’utérus (10%), la thyroïde (9%) et la leucémie (9%).
La surcharge pondérale augmentait également le risque global de cancer du foie (19%), du colon (10%) et des ovaires (9%).
En se basant sur ces résultats, les chercheurs estiment qu’au Royaume-Uni, 12 000 cas de cancers courants pourraient être liés chaque année à l’obésité et au surpoids. Et si l’épidémie d’obésité se poursuit au rythme actuel, avec une hausse d’un point d’IMC tous les 12 ans, il pourrait y avoir 3 800 cancers supplémentaires chaque année dans le pays.
Un lien entre surpoids et cancer démontré pour 13 localisations
Les résultats des travaux de l’IARC (International Agency for Research on Cancer) [2,3], basés sur l’analyse par 21 experts internationaux de plus de 1 000 études, confirment ces conclusions, faisant état d’un lien entre surpoids et cancer démontré pour 13 localisations : colon-rectum, œsophage (adénocarcinome), rein (carcinome rénal), sein chez la femme ménopausée, endomètre, gastrique (cardial), foie, vésicule biliaire, pancréas, ovaire, thyroïde, méningiome, myélome multiple.
Des éléments de preuve existent également en faveur d’une association entre le surpoids et le risque de cancer de la prostate mortel, le cancer du sein chez l’homme et le lymphome diffus à grandes cellules B.
Un risque de cancer multiplié par 2 à 5
« L’obésité notamment multiplie par 2 à 5 le risque de 6 cancers digestifs (estomac, vésicule biliaire, foie, œsophage, colorectal et pancréas) et 2 cancers gynécologiques (sein et utérus), qui connaissent en particulier une recrudescence chez les jeunes obèses » alerte l’Association Française de Chirurgie (AFC) s’associé au Collectif National des Associations d’Obèses (CNAO) à l’occasion de la journée européenne de l’obésité du 17 mai 2019.
L’obésité pourrait dans le futur remplacer le tabac comme principale cause évitable de cancer
Selon une nouvelle étude menée par des chercheurs britanniques de la Cancer Research UK, principale organisation caritative consacrée à la recherche sur le cancer au Royaume-Uni, l’obésité rivalise avec le tabagisme en tant que cause première de quatre cancers majeurs (intestin, rein, ovaire et foie). L’excès de poids provoquerait actuellement environ 4 000 cas de cancers de plus.
Au Royaume-Uni, il y a aujourd’hui deux fois plus de personnes obèses que de fumeurs. C’est le pays d’Europe occidentale qui a le taux d’obésité le plus élevé (26% en 2016), celui-ci augmentant encore plus rapidement qu’aux États-Unis.
Les progrès significatifs dans la lutte contre le cancer, avec un taux de survie à un niveau record, pourraient être annulés par l’épidémie croissante d’obésité.
Lien entre surcharge pondérale et cancer
Si le mécanisme exact qui lie surcharge pondérale et cancer n’est pas encore complètement élucidé, l’inflammation chronique associée à la surcharge pondérale pourrait être impliqués. En cause, les sécrétions du tissu adipeux, en particulier les cellules graisseuses localisées à l’intérieur de l’abdomen autour des organes, qui sécrèteraient des facteurs inflammatoires et pro-angiogéniques favorisant la prolifération cellulaire et l’angiogenèse à l’origine du développement des tumeurs.
Des modifications hormonales seraient également en cause dans certaines localisations, par exemple pour les cancers du sein et de l’utérus.
Ce qu’il faut retenir
- Bien que nous disposions aujourd’hui de données scientifiques solides permettant d’affirmer cette association entre surcharge pondérale et cancer, ce n’est pas encore assez connu de la population et pris en compte par les médecins traitants.
- Maintenir une corpulence normale peut pourtant limiter le risque de développer différents types de cancer.
- Les liens entre surcharge pondérale et cancer, comme ceux entre la surcharge pondérale et d’autres pathologies d’origine métabolique comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou même l’arthrose, mettent en évidence l’intérêt de considérer la perte de poids comme une thérapeutique à part entière dans la prise en charge des patients.