Informations de l'étude
Auteurs : Rohia Alili, Eugeni Belda, Odile Fabre, Véronique Pelloux, Nils Giordano, Rémy Legrand, Pierre Bel Lassen, Timothy D. Swartz, Jean-Daniel Zucker, Karine Clément
Lien de l'étude : https://doi.org/10.3390/biomedicines10010016
Résumé
La première étude prospective, intitulée “Étude du microbiote intestinal au cours de l’intervention diététique en vie réelle chez l’obèse (GUT-Inside)” avait pour objectif principal l’évaluation de l’impact du microbiote intestinal sur l’évolution pondérale et sur l’amélioration des facteurs de risques cardiométaboliques à la suite d’une perte de poids. Les résultats ont été publiés en janvier 2022 dans Biomedicines (Impact Factor : 6.8).
Cette étude a été réalisée en partenariat avec le Professeur Karine Clément (Service nutrition à hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), experte renommée dans la recherche sur les maladies métaboliques, la nutrition et le rôle du microbiote intestinal.
Descriptif
Une collaboration scientifique avant-gardiste
Le réseau RNPC a constitué une cohorte de suivi prospective de 263 sujets en surpoids ou obèses, suivie dans des conditions standardisées de prise en charge diététique en vie réelle, grâce au Programme RNPC, appliqué dans 67 centres RNPC du réseau.
Des échantillons fécaux ont été prélevés avant et après une perte de 10 % du poids initial pour 163 patients. Le profilage métagénomique du microbiote a été obtenu à partir de l’analyse de ces échantillons grâce à la technique de séquençage shotgun, reconnue comme faisant partie des plus performantes.
Ces données ont ensuite été mises en relation avec les données biologiques et cliniques des patients, recueillies à partir de leurs dossiers médicaux, ainsi qu’avec leur style de vie (habitudes alimentaires, activité physique...) évalué par des questionnaires.
Les équipes scientifiques ont ainsi pu évaluer l’impact du microbiote intestinal sur l’évolution du poids et sur l’amélioration des facteurs de risque cardiométaboliques avant et après le suivi du Programme RNPC, accompagné ou non d’une supplémentation avec un mélange de prébiotiques et probiotiques.
Sécurité des patients
Cette recherche a reçu l’avis favorable du Comité de Protection des Personnes Ile de France III le 06/05/2020, qui a été transmis pour information à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM).
Résultats
La perte de poids améliore l’état du microbiote
Dans la cohorte GUT Inside, l'entérotype bactérien Bacteroides 2 (Bact2), récemment identifié comme étant particulièrement associé à l’obésité et les maladies métaboliques, était plus répandu chez les sujets présentant une obésité aggravée et des altérations métaboliques (insulinorésistance et apnées du sommeil), confirmant pour la première fois dans une intervention en vie réelle ce qui avait été observé en clinique.
Après la perte de poids, la diversité du microbiote intestinal a augmenté et la prévalence de Bact2 a diminué chez les sujets dont le microbiote était initialement altéré, notamment chez les patients supplémentés en prébiotiques et probiotiques.
Des augmentations significatives d'Akkermansia muciniphila et de Parabacteroides distasonis, bactéries très prometteuses sur le plan thérapeutique et qui intéressent donc fortement les laboratoires pharmaceutiques pour leur effet bénéfique sur la santé métabolique en général, ont également été observées après la perte de poids.
Microbiote Intestinal et Métabolisme : Vers une personnalisation de la réponse à l’intervention
Les résultats de cette intervention en vie réelle montrent qu’une perte de poids obtenue grâce au Programme RNPC, qui plus est lorsqu’il est associé à la consommation de prébiotiques et probiotiques, est favorable pour le microbiote intestinal. Or, de nombreuses études ont démontré que l’enrichissement du microbiote intestinal était lui-même favorable à la perte de poids et à l’amélioration des paramètres métaboliques.
Ces travaux ouvrent la voie au dépistage des individus à risque c’est-à-dire ceux dont le microbiote intestinal est appauvri, ainsi qu’à la mise en place de stratégies afin d’améliorer la richesse du microbiote (intervention diététique et/ou supplémentation par des prébiotiques et/ou probiotiques). Dans un futur proche, on pourra identifier différentes composantes : les paramètres cliniques, la composition du microbiote, le contexte de prédisposition génétique, les objectifs personnels, l'environnement de la personne… et probablement, combiner ces informations pour peut-être cibler différents types de population pour des interventions encore plus personnalisées.