Les plus grandes causes d’insuffisance rénale sont l’âge, la surcharge pondérale, l’hypertension artérielle, le diabète (ces deux dernières pathologies étant bien souvent la conséquence d’un surpoids) et certains médicaments. En effet, la prise de médicament n’est jamais anodine et beaucoup de médicaments peuvent provoquer de nombreux effets secondaires et nuire à certains organes, notamment les reins. Près de 10 % des insuffisances rénales aiguës sont d’origine médicamenteuse.
Le rôle le plus important des reins est de filtrer les déchets présents dans le sang. Ce sont les glomérules, situés dans la partie externe du rein, qui sont responsables de la filtration du sang et de l’extraction des déchets. Ces petites unités sont les plus exposées aux fortes concentrations de médicaments. Ainsi, un grand nombre de médicaments peut endommager les glomérules et ainsi causer une perte de fonction rénale.
Liste (non exhaustive) des médicaments pouvant causer des dommages aux reins
Les analgésiques :
Ces médicaments sont utilisés dans le traitement de la douleur. Cette classe est très vaste et contient plusieurs types de molécules, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), l’aspirine, le diclofénac, le naproxène, l’ibuprofène. La prise temporaire de ces médicaments peut provoquer une légère diminution de la fonction rénale qui disparait dès l’arrêt du traitement. Mais pour les patients qui suivent un traitement prolongé, ils risquent une importante dégradation de la fonction rénale pouvant provoquer une insuffisance rénale (7 % des cas) ou l’aggraver en cas d’insuffisance modérée.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) :
Ces médicaments réduisent la production d’acide gastrique responsable des brûlures d’estomac, des ulcères et des dommages à l’œsophage causés par le reflux gastro-œsophagien. Selon une étude menée par une équipe de chercheurs appartenant à l’Université de Buffalo et dont les résultats ont été présentés dans le congrès annuel de l’Association Américaine de Néphrologie à San Diego, la consommation des IPP est associée à une augmentation du risque d’insuffisance rénale de 10 %.
Les antihypertenseurs :
Certaines classes d’antihypertenseur comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes de l’angiotensine-2 (ARA-2) peuvent initialement provoquer une diminution de la capacité de filtration du rein pouvant aller jusqu’à 20 %.
Les traitements contre la polyarthrite rhumatoïde :
Prescrits pour ralentir la progression de cette maladie auto-immune, des médicaments comme la chloroquine, l’hydrochloroquine et l’infliximab peuvent aussi provoquer des dommages au niveau des reins.
Les anticonvulsivants :
Ces médicaments sont utilisés dans la prévention et le traitement de l’épilepsie et des différentes formes de convulsions. Il existe un grand nombre d’anticonvulsivants susceptibles de causer des lésions rénales, notamment la triméthadione et la phénytoïne.
La chimiothérapie :
Représentant le traitement le plus répandu du cancer, la chimiothérapie implique l’utilisation de plusieurs médicaments anticancéreux qui peuvent être néfastes pour les reins. Méthotrexate, gemcitabine, cisplatine, etc. ont des effets secondaires toxiques pour le rein qui nécessitent un suivi méticuleux tout au long de la durée du traitement.
Le lithium :
Utilisés pour le traitement des troubles bipolaires, les sels de lithium ont malheureusement des effets toxiques sur les reins. L’utilisation de lithium à long terme est associée à une baisse de la fonction rénale et à une insuffisance rénale chronique.
Autres :
antiviraux (aciclovir, indinavir, ténofovir…), antifongiques (amphotéricine B), antithyroïdiens (propylthiouracile), immunomodulateurs (interleukine-2, interférons, ciclosporine, tacrolimus), hypolipidémiants (rosuvastatine), etc.
Et les protéines ?
Beaucoup de personnes pensent que les protéines alimentaires abîment les reins. Ce n’est pas vrai !
La recommandation nutritionnelle de base est de consommer 0,8 à 1 g de protéines pures par kilogramme de masse corporelle et par jour, ce modeste apport étant tout juste suffisant pour éviter la malnutrition.
Or, d’après un rapport de l’AFSSA, on peut sans danger consommer jusqu’à 2,2 g de protéines pures par kg et par jour : “Dans l’état actuel des connaissances, des apports entre 0,83 et 2,2 g/kg/j de protéines […] peuvent être considérés comme satisfaisants pour un individu adulte, ayant une fonction rénale normale, alors que des apports compris entre 2,2 et 3,5 g/kg/j seront considérés comme élevés et des apports supérieurs à 3,5 g/kg/j très élevés.”
Puis-je suivre le Programme RNPC si je suis atteint d’insuffisance rénale ?
Le Programme RNPC recommande la consommation de 1,2 g de protéines pures/kg/j pour les femmes et 1,5 g pour les hommes. Cet enrichissement en protéines permet la préservation de la masse musculaire pendant la perte de poids et favorise la satiété.
L’insuffisance rénale est une maladie silencieuse et progressive. C’est la raison pour laquelle nous demandons expressément l’accord de son médecin avant de prendre en charge tout patient et exigeons un bilan sanguin récent dans lequel aura été évaluée la fonction rénale (dosage de la créatininémie pour l’estimation du débit de filtration glomérulaire (DFG)). Ainsi, chez un patient en insuffisance rénale, nous adaptons la quantité de protéines journalière d’après les recommandations de la Haute Autorité de Santé, en nous basant sur le DFG estimé.
Nos résultats le prouvent : Des statistiques internes réalisées sur 1340 patients ayant suivi le Programme RNPC ont montré une amélioration de 3 % de la fonction rénale après une perte de poids moyenne de 12 kg.
Conclusions
✔️ Avec ou sans ordonnance, pris de façon ponctuelle ou prolongée, certains médicaments courants sont particulièrement nocifs pour les reins. Pensez à signaler toute prise d’un nouveau médicament à votre diététicienne.
✔️ Les personnes qui n’ont pas de problème de santé peuvent consommer des protéines sans souci à se faire pour leurs reins. En revanche, une consommation élevée de protéines peut causer du tort aux personnes qui ont une insuffisance rénale. C’est la raison pour laquelle, dans le Programme RNPC, la quantité de protéines journalière est adaptée à la fonction rénale du patient ; l’apport protéique est donc parfaitement contrôlé pour une sécurité totale de nos patients.