La prise de poids associée à l’arrêt du tabac représente un obstacle majeur chez les fumeurs qui appréhendent que le sevrage s’accompagne de quelques kilos supplémentaires.

D’abord, de combien de kilos parle-t-on ? Les chiffres communément avancés annoncent une prise de poids moyenne de 2 à 5 kg selon les études, apparaissant essentiellement dans les trois premiers mois suivant l’arrêt du tabac. Des chercheurs ayant analysé 62 études publiées sur ce thème ont reporté une prise moyenne de 4,7 kg un an après la dernière cigarette [1].

Mais pourquoi peut-on prendre du poids au moment de l’arrêt ?

 

1. La nicotine augmente les dépenses énergétiques 

La nicotine contenue dans le tabac entraine une augmentation des dépenses énergétiques de l’organisme tout en ralentissant le stockage des graisses. On sait par exemple que le fait de fumer un paquet de cigarettes permet de brûler 200 calories, soit l’équivalent d’un croissant, en restant les bras croisés. De même, pour une activité identique, un fumeur consomme davantage de calories qu’un non-fumeur.

 

2. L’effet « coupe-faim » de la nicotine

La cigarette, et plus particulièrement la nicotine qu’elle contient, réduit l’apport calorique en modulant les niveaux de deux hormones impliquées dans la régulation de la prise alimentaire : 1) la ghréline, (également connue sous le nom d’hormone de la faim) qui active l’appétit, et 2) la leptine (hormone de la satiété) dont la libération s’accompagne d’une diminution de l’appétit. Des études ont montré que les niveaux de ghréline étaient majorés chez les fumeurs privés de la possibilité de fumer, alors que l’administration de nicotine sous forme de gomme ou de cigarette entraînait une augmentation des niveaux de leptine.

 

3. Le retour du goût et de l’odorat

Après seulement quelques jours de sevrage tabagique, les sens se remettent à fonctionner pleinement. L’arrêt du tabac s’accompagne ainsi de la redécouverte des goûts et des odeurs des aliments ; on peut ainsi devenir un peu plus gourmand. En retrouvant goût et odorat, l’appétence est renforcée et le plaisir de manger aussi. L’ex-fumeur a alors tendance à manger un peu plus qu’auparavant.

 

4. La compensation de la gestuelle par le grignotage

C’est surement l’effet le plus connu et redouté de l’arrêt du tabac : le fumeur privé de cigarette va naturellement chercher à compenser. Et comme manger est une source de plaisir et l’alimentation souvent accessible, il n’est donc pas surprenant que le besoin et l’envie de fumer se transforment parfois en prise alimentaire. Ces compensations sont en général inconscientes et puissantes avec une forte tendance à consommer des aliments sucrés. Ceci s’explique par le fait que le sucre permet la stimulation de neurotransmetteurs aux effets anti-stress, les mêmes que ceux stimulés par la nicotine. L’ex-fumeur va ainsi gérer son anxiété par la nourriture.

 

5. La modification de la flore intestinale

La prise de poids qui suit l’arrêt du tabac pourrait également être causée par un changement de composition de la flore intestinale. En effet, une étude a montré que les souches bactériennes qui dominaient dans la flore intestinale de personnes obèses prenaient le dessus chez les personnes qui arrêtent de fumer [2].

Notre conseil :

Le souci ne pas prendre du poids ne doit pas vous conduire à remettre en cause le bien-fondé pour la santé de l’arrêt du tabac. Cependant, pour votre santé cardiovasculaire, surveillez votre tour de taille ! Un simple mètre de couturière suffit. Au-delà de 94 cm pour un homme et de 80 cm pour une femme, le risque de mortalité augmente de 15 % tous les 5 cm, et ce quelle que soit votre corpulence [3].

Si vous constatez que votre sevrage tabagique s’accompagne d’une prise de poids, en particulier au niveau abdominal, n’hésitez pas à prendre contact avec un centre RNPC® qui vous proposera des solutions efficaces pour vous aider.

Références :

  1. Aubin HJ, et al. Weight gain in smokers after quitting cigarettes: meta-analysis. BMJ 2012;345:e4439
  2. Biedermann L, et al. Smoking cessation induces profound changes in the composition of the intestinal microbiota in humans. PLoS One 2013;8(3):e59260
  3. Pischon T, et al. General and abdominal adiposity and risk of death in Europe. N Engl J Med 2008;359(20):2105-20

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